Par Lionel Parrini.
Comment guider sans diriger ?
Insuffler un état de créativité sans empiéter ?
Lors du training collectif que j’ai récemment initié pour préparer un tournage, j’ai été confronté à un enjeu fondamental : trouver l’équilibre et le point de neutralité dans mon rôle de coach.
Il s’agissait de permettre :
1/ À l’artiste qui m’a confié cette mission de rester pleinement maîtresse de son univers créatif (éviter la démarche intrusive).
2/ Aux participants d’être non seulement interprètes, mais aussi auteurs de leurs compositions improvisées et autonomes dans leurs incarnations.
Ce double équilibre – entre respect de l’intention artistique et liberté des interprètes – a nécessité une posture stratégique dont voici quelques clés :
1/ Favoriser une parole collective et inclusive.
La session a débuté par des exercices permettant à chacun de s’exprimer dans un cadre ludique et bienveillant. Ce travail sur la voix et les émotions a fondé un principe de communauté tout en respectant la singularité de chaque participant.
2/ Encourager l’exploration individuelle.
À travers des improvisations personnelles et des dynamiques de groupe, j’ai veillé à ce que chaque comédien puisse explorer librement son rapport au personnage. L’objectif : que chacun se sente acteur et auteur de sa propre création, sans vision extérieure imposée,avec juste ce qu’il faut de suggestion et d’encadrement.
3/ Maintenir une posture d’écoute active.
Mon rôle a été celui d’un facilitateur, plus que d’un guide et réalisateur. En proposant un cadre clair mais ouvert, j’ai cherché à donner les outils nécessaires à l’expression sans en dicter le sens.
4/ Respecter l’intention de l’artiste.
Tout en m’assurant que les exercices soient adaptés aux besoins des acteurs, j’ai gardé en tête l’univers et les attentes de l’artiste à l’origine du projet. Cette neutralité a été essentielle pour préserver l’authenticité de l’œuvre.
Cette expérience m’a rappelé à quel point structurer une créativité collective n’est pas contradictoire. Le curseur est placé sur l’amplification.
L’anticipation et la pré-structuration ne brident pas l’expression, elles permettent au contraire de concentrer l’énergie dans le présent, dans l’émotion, et dans l’interaction.
Je garde de cette session l’image d’un équilibre en mouvement, où la neutralité n’est pas une absence, mais une présence subtile au service des autres.
Savoir s’effacer sans dissoudre sa présence, c’est donner naturellement l’élan aux participants de faire émerger leur juste place dans une créativité consciente, assumée, singulière.